
ATLANTICO – C’est une grande opération d’ampleur qui vient d’avoir lieu et a permis de démanteler un vaste réseau de trafic sur le dark web. Est-ce qu’on a des précédents du même type ou s’agit-il d’une victoire en grande pompe sur les trafics du dark web ?
Jean-Paul Pinte :
Pour bien comprendre les profondeurs de l’Internet et ce qui trafique dans ces abysses du Web, il est important de bien savoir de quoi on parle.
Il existe trois couches principales pour le Web. Celle où vous naviguez chaque jour avec Google, Wikipédia, Facebook, etc. Nous l’appellerons plus communément les Web surfacique.
Ensuite le Deep Web, contenu d’Internet non référencé et accessible uniquement par des moteurs de recherche spécifiques. On y retrouve par exemple les mails et pages isolées sur la toile.
Enfin la partie plus sombre d’Internet que l’on appelle le Dark Web, partie cachée d’Internet dont le contenu est protégé par le chiffrement.
Pour y accéder on doit installer une application appelée TOR, voire encore FREENET. On accède alors à un Internet Parallèle.
Facebook par exemple présente un accès par le Dark Web pour ceux qui voudraient rester cachés.
Les adresses des sites Internet du « dark web » n’ont rien à voir avec les adresses des sites classiques. Il s’agit de suites de chiffres et de
lettres et pas de .com ou de .net ou .fr mais un .onion.
Il n’est pas illégal d’utiliser le Dark Web mais il convient de savoir que bien souvent, ce sont des choses plus que douteuses qui s’y
déroulent comme des trafics de tout genre (Armes, drogues, faux papiers, données bancaires, etc.).
Notons que le terme de Dark Net a fait place à celui d’«internet clandestin» depuis septembre 2017 au Journal Officiel.
Le cas traité par le FBI n’est pas isolé et récemment, en juin 2018, la plateforme baptisée « La Main noire » (« Black Hand ») dont l’administratrice lilloise âgée de 20 ans sévissait de la France depuis environ deux ans, a été fermée. C’était un vaste forum d’échanges de produits et services illicites (stupéfiants, armes, faux papiers, données bancaires volées etc.).
« La Main noire », accessible par quelques 3 000 initiés moyennant une petite cotisation, se présente presque comme un site de commerce
classique : les vendeurs et les acheteurs y laissent des évaluations en fonction de la qualité de la marchandise et des délais de livraison. En revanche, ils doivent payer en cryptomonnaie, comme le Bitcoin ou
l’Etherum.
Les modérateurs touchaient des commissions en sécurisant les transactions.

Ce qu’ils ne savaient pas c’est que « La Main noire » était surveillée depuis un peu plus d’un an par la DNRED, c’est-à-dire les agents du renseignement douanier.
Dans un autre style, Gal Vallerius, breton de 38 ans, a été interpellé fin août à Atlanta par les services de police américains. Il est soupçonné d’être à la tête d’un important réseau de trafic de drogues sur le web profond, alias « dark web ». Soupçonné par la Drug Enforcement Administration (DEA) – les services fédéraux américains qui gèrent les affaires de drogue – d’être un baron de la drogue du dark
Web, connu sous le pseudonyme d’« OxyMonster », il avait été arrêté le 31 août 2017 à l’aéroport d’Atlanta (Géorgie), alors qu’il se rendait aux Etats-Unis, au Texas, pour un concours de barbe. Il purge aujourd’hui 2O ans de prison.
« Oxymonster » est l’un des plus gros dealers au monde, le responsable d’un des plus gros supermarchés virtuels de vente de drogue sur le « dark web » : un réseau sécurisé inaccessible aux recherches, la plupart des gens n’y ont pas accès. On y trouve de tout, particulièrement ce qui est interdit, drogues ou armes.
Un important dealer du darknet a aussi été arrêté par la police slovaque. L’homme a été placé en garde à vue et plusieurs de ses complices sont actuellement recherchés. En fouillant une de ses planques, cinq armes à feu et plus de 600 cartouches de munitions ont été retrouvées. Mais aussi 58 plants de cannabis, et l’équivalent de 203 000 euros en bitcoins, soupçonnés d’avoir été obtenus illégalement. Par ailleurs, les autorités slovaques et Europol ont démantelé tout un réseau de vente de drogue en ligne, caché sur le Darknet, dont
l’administrateur depuis 2015 était l’homme arrêté ce jeudi. Au moins 10 kilos de cannabis auraient été écoulés sur cette chaîne.
Le serveur a été saisi comme pièce à conviction et analysé. La police slovaque a étendu ses recherches aux utilisateurs et vendeurs qui utilisaient ce marché de la drogue géant.
Aidés par Europol, les autorités ont identifié un autre vendeur habitant dans un pays européen.
L’individu est suspecté d’avoir fourni une des armes retrouvées dans une maison de Bratislava.
35 personnes ont été arrêtées aux États-unis en 2018 dans une opération d’infiltration inédite ciblant des vendeurs du darknet. Les
agents ont saisi de la drogue et des armes, pour une valeur totale de 23,6 millions de dollars.
Cette arrestation d’envergure est le point d’orgue d’une enquête
ayant durée plus d’un an avec pour cible plus de 65 réseaux impliqué dans 90 affaires différentes. Parmi les biens saisis lors des
perquisitions, des stupéfiants dont des opioïdes, 3,6 millions de dollars en or et en espèces, des dispositifs miniers Bitcoin, des crypto’ d’une valeur de plus de 20 millions de dollars et plus de 100 armes, dont un lance-grenades. L’identité des vendeurs n’a pas été
révélée, mais il s’agirait d’individus entre 21 et 34 ans dont plusieurs vivaient à New York et en Californie.
Les cas ne manquent pas, on le voit, à l’instar de la cinquième brigade de la lutte contre la cybercriminalité à la direction des investigations et des recherches de la Garde nationale de l’Aouina qui abdémantelé un réseau criminel de trafic d’antiquités et a arrêté 6 personnes impliquées âgées entre 35 et 65 ans du grand Tunis. La brigade a ainsi saisi des manuscrits en hébreu d’une grande valeur historique chez ces personnes qui comptaient les vendre sur le Dark Web à 12 millions de dinars.
Enfin, les autorités américaines ont révélé en juillet 2017 que le Québécois Alexandre Cazes, mort après son arrestation en Thaïlande au début du mois, était le créateur et administrateur du site AlphaBay, le plus gros site jamais créé sur le dark web pour échanger drogue, armes et documents de fraude bancaire.
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